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THEORIE DU DRONE
Grégoire Chamayou
La Fabrique
Le drone est l’instrument d’une violence à distance, où l’on peut voir
sans être vu, toucher sans être touché, ôter des vies sans jamais
risquer la sienne.
Cette forme de violence télécommandée, qui à la fois supprime le
face-à-face et fait éclater la distance impose de repenser des concepts
apparemment aussi évidents que ceux de combattant (qu’est-ce qu’un
combattant sans combat ?) ou de zone de conflit (où a lieu, une telle
violence, écartelée entre des points si distants ?). Mais, plus
radicalement, c’est la notion de « guerre » qui entre elle-même en
crise : le drone est l’emblème de la « chasse à l’homme préventive »,
forme de violence qui débouche, à mi-chemin entre guerre et police, sur
des campagnes d’exécutions extrajudiciaires menées à l’échelle globale.
Cette tentative d’éradication absolue de toute réciprocité dans
l’exposition à la violence reconfigure non seulement la conduite
matérielle de la violence armée, techniquement, tactiquement, mais
aussi les principes traditionnels d’un ethos militaire officiellement
fondé sur la bravoure et l’esprit de sacrifice. Car le drone est aussi
l’arme du lâche : celle de ceux qui ne s’exposent jamais. Cela
n’empêche pourtant pas ses partisans de la proclamer être l’arme la
plus éthique que l’humanité ait jamais connue. Opérer cette conversion
morale, cette transmutation des valeurs est la tâche à laquelle
s’attellent aujourd’hui des philosophes américains et israéliens qui
œuvrent dans le petit champ de l’éthique militarisée. Leur travail
discursif est essentiel pour assurer l’acceptabilité sociale et
politique de cette arme. Dans ces discours de légitimation, les «
éléments de langage » de marchands d’armes et de porte-parole des
forces armées se trouvent reconvertis, par un grossier processus
d’alchimie discursive, en principes directeurs d’une philosophie
éthique d’un nouveau genre – une « nécroéthique », dont il est capital
de faire la critique.
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LE GAI SAVOIR
F.Nietzsche
Le Livre de Poche
" Toute philosophie qui assigne à la paix une place plus élevée qu'à la
guerre, toute éthique qui développe une notion négative du bonheur,
toute métaphysique et toute physique qui prétendent connaître un état
définitif quelconque, toute aspiration, de prédominance esthétique ou
religieuse, à un à-côté, à un au-delà, à un en-dehors, à un
au-dessus-de, autorisent à se demander si la maladie n'était pas ce qui
inspirait le philosophe (...) J'en suis encore à attendre la venue d'un
philosophe médecin qui un jour aura le courage d'oser avancer la thèse
: en toute activité plilosophique il ne s'agissait jusqu'alors
absolument pas de trouver la " vérité ", mais de quelque chose de tout
à fait autre, disons de santé, d'avenir, de croissance, de puissance,
de vie... "
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IPRELUDE A FONDATION
I.Asimov
Pocket
Hari Seldon venait d'inventer la
psychohistoire et il n'y voyait qu'une pure spéculation, sans
application pratique. La psychohistoire ne pouvait pas prédire l'avenir
? Les politiques s'en moquaient. Les gens allaient y croire. Ensuite,
les équations diraient ce qu'on leur ferait dire. Et si Seldon n'était
pas d'accord, tant pis pour lui !
Alors, le jeune chercheur s'enfuit. Traqué, il sillonna les dédales
souterrains de la planète Trantor, capitale de l'Empire galactique. Et
ce qu'il vit le stupéfia. Un avenir inquiétant se dessinait sous ses
yeux. Était-il trop tard pour éviter la catastrophe ?
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