The BELL-RAYS
GOD IS BLACK
and SHE'S BEAUTIFUL
Bon, je le concède, je me sens un peu nigaud dans la peau du gars
qui a vu la lumière et redescend de la montagne avec les tables
de la loi, en charge de convaincre le Monde. Tant pis pour la parabole
mystique, disons que je me sens investi d'une mission: ne pas vous laisser,
pauvres brebis égarées, plus longtemps dans l'ignorance.
Voilà: les "BELL-RAYS" existent, je les ai rencontrés.
Samedi dernier à Clermont-Ferrand. Et voici, aussi violente qu'inattendue,
la "tarte"! Pas sentie venir, celle là. La grosse tarte.
La vraie. De celles dont on ne se remet pas facilement. De celles qui
réconcilient corps et âme avec le vie et avec un Rock'n'roll
annoncé comme mort un peu prématurément. Car, pour
tout vous dire, je m'attendais à un bon concert de Rock, un peu
garage, une bonne chanteuse, quelques reprises, une bière et au
lit! Raté! Les attentes pulvérisées au delà
de toute espérance. Le show du siècle, mes amis. Une puissance
de feu extraordinaire. Quel Power! quelle énergie! quelle maestria!
Une machine huilée et rodée à merveille. Ils ont
du en écumer des bouges et des clubs moites sur les routes de Californie
pour arriver à élaborer un tel cocktail détonnant,
une telle maturité scénique et une telle intensité
maîtrisée.
Que dire de Tony Fate, guitariste supersonique, plongé du début
à la fin dans une fervente transe électrique, les yeux mi-clos,
esquissant de temps à autres un léger sourire du coin de
sa bouche lippue, si ce n'est qu'il m'a convaincu de remiser définitivement
ma guitare au grenier. Le bassiste irréprochable, tête de
l'éternel étudiant, lunettes à épaisse monture,
échappé de je ne sais quel campus pour venir asséner
ces lignes de basse bandantes et assassines.
Le nouveau batteur qui aurait apparemment rejoint le band un mois avant
le début de la tournée a visiblement donné une nouvelle
dimension au groupe. Quel jeu! quelle frappe! Le gamin n'a rien à
envier aux meilleurs. On pense au "5", aux "WHO",
MOTHER'S FINEST, je ne sais plus. Les comparaisons à ce niveau
n'ont plus de sens. La cohésion des trois tueurs est formidable.
Impressionnante. De la chirurgie. La "S.G." remplit tous les
espaces. Les breaks sont au scalpel. Je croyais être musicien: la
structure même des morceaux m'échappe. Ce n'est pas un concert,
c'est un fleuve, un torrent majestueux et implacable. Le Feu, la Terre
et l'Eau réunis en un magma sonique élémentaire.
Et puis . . . . . il y a . . . .
Madame LISA KEKAULA. Respect.
Princesse, Panthère, Tigresse. Tour à tour dominatrice,
ensorceleuse, envoûtante. L'organe est chaud, humide, torride. On
pense à Tina, Aretha, Janis, Rob Tyner revenu Déesse Femme
pour notre salut. Non. Juste Madame Lisa KEKAULA. Lady SOUL. Lady ROCK.
Le jeune trublion imprudent qui a tenté de happer son micro au
troisième morceau doit garder l'empreinte du talon de sa botte
sur sa face.
Survoltée par l'incident, voici notre DIVA FURIA dans la fosse
pointant et repoussant successivement chaque membre de l'audience médusée,
d'un doigt vengeur et émasculateur, sans perturber un seul instant
la terrible efficacité du chant puissant et sensuel. Depuis 20
ans, je dois bien avoir vu quelques dizaines (centaines?) de concert;
Iggy, Mick, Dave, Stiv, Joey, Lemmy, etc... je les ai vu solidement campé
au premier rang. Ben là j'ai pas pu. J'ai pas osé. J'ai
battu en retraite. J'ai regardé mes pompes quand son regard s'est
posé sur moi. Pas fier. Tout petit, que je me suis fait.
Et de l'intro du concert, 4 mesures. Clin d'il au Black Sabbath,
jusqu'au dernier rappel, un aussi jouissif qu'inattendu "Highway
To Hell", les quatre acolytes nous ont donné une véritable
leçon de ROCK and SOUL, enchaînant compo sur compo, plus
redoutables les unes que les autres. (Les versions sur disque sont méconnaissables).
J'avais jamais vu ça. Ou alors j'ai du rater un épisode.
Que d'amour. Que d'énergie. Quelle hargne. En un mot : "LA
CLASSE". Et la grande, s.v.p. Authentiques et sincères, puissants
et mélodieux, les "Bell-Rays" m'ont définitivement
convaincu. La cause est belle, la cause est grande.
Alors voilà. The show is over. Les lumières se sont rallumées.
J'ai rêvé mais rien inventé. Voici quelques années
que j'ai cessé toute consommation d'hallucinogènes et réduit
les psychotropes au minimum thérapeutique vital. C'est bien la
première fois que je ressens un tel besoin d'écrire après
un concert: je me sens seul - ça va mieux en le disant. Courrez
les voir si vous en avez encore la chance. Ne les ratez sous aucun prétexte
et répandez la bonne parole. Hallelujah. Long life to the "Bell-Rays".
They saved my soul. They opened my eyes. They gave me strengh and faith.
See you soon.
P.S. : D'aucuns m'auraient vu pleurer pendant le concert, j'avais juste
une poussière dans l'il - ça peut arriver, non?!
©2003 Phil
Justice
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